Expérience sur l’initiative « Monnaie-Pleine » : La position des partis et l’intention de vote.

Du 16 avril au 1er mai 2018, nous avons mené une expérience sous la forme d’un sondage relatif à l’intention de vote concernant l’initiative Monnaie-Pleine sur laquelle le peuple suisse devra se prononcer le 10 juin prochain. Au total, près de 1200 personnes ont pris part à ce sondage. Les répondants ont été recrutés via Facebook, mais aussi par le site internet du Bieler Tagblatt ainsi que par e-mail. Une partie de l’expérience consistait à observer l’effet de la position des partis sur l’intention de vote des répondants. Les premiers résultats soulignent que les répondants semblent suivre plus les indications de vote du PLR et la position de l’UDC amène des intentions de vote contraires. Cela peut s’expliquer à travers le sujet de l’initiative qui touche à l’économie, sujet pour lequel les répondants semblent d’avantage suivre la position du PLR que celle de l’UDC excepté lorsqu’ils considèrent que l’UDC est le parti le plus qualifié pour gérer les questions liées à l’économie.

Vom 16. April bis zum 1. Mai 2018 haben wir ein Umfrage-Experiment zur Volksabstimmung über die Vollgeld-Initiative, über die das Schweizer Volk am 10. Juni abstimmen wird, durchgeführt. Insgesamt nahmen fast 1200 Personen an dieser Umfrage teil. Die Befragten wurden über Facebook, die Webseite des Bieler Tagblatts und per E-Mail rekrutiert. Ein Teil des Experiments bestand darin, die Wirkung der Parteipositionen auf die Vollgeld-Initiative zu untersuchen. Die ersten Ergebnisse zeigen, dass die Befragten der Position der FDP tendenziell gefolgt sind während die Position der SVP die Befragten eher dazu gebracht hat entgegen deren Position zu stimmen. Dies kann möglicherweise damit erklärt werden, dass bei einem Wirtschaftsthema wie der Vollgeld-Initiative, die Wähler eher der FDP als der SVP folgen, es sei denn sie halten die SVP für die kompetenteste Partei in Wirtschaftsfragen.

Dans ce sondage, nous avons demandé plusieurs types d’informations aux répondants, notamment leur intention de vote sur l’initiative Monnaie-Pleine. Avant de donner leur intention de vote, les répondants étaient soumis à différents traitements qui les informaient sur les positions des membres des partis. Les différents traitements sur les positions des partis ont été choisis en fonction du vote des groupes politiques au Conseil National. Pour cette initiative, l’UDC et le PS n’étaient pas unanimes quant à la résolution et le PLR était unanimement opposé. Nous avons donc développé 5 traitements sur la position des partis. Pour l’UDC et le PS, les traitements stipulaient : « Des membres de l’UDC (du PS) sont en faveur de (opposés à) l’initiative Monnaie-Pleine », alors que le traitement pour la position du PLR mentionnait « Le PLR est opposé à l’initiative Monnaie pleine ». En plus de l’intention de vote et des traitements décris, nous avons aussi demandé aux répondants de se placer sur une échelle gauche droite. Cela nous permet d’analyser l’effet des traitements sur la position des partis pour les répondants se situant à gauche et à droite de l’échiquier politique.

Les figures présentées montrent l’effet des traitements sur les positions de l’UDC en faveur et opposé à l’initiative ainsi que l’effet de la position du PLR contre l’initiative sur l’intention de vote. Si l’on regarde plus précisément l’effet des positions de l’UDC sur l’intention de vote, on voit que la position de l’UDC a un effet inverse. En effet, en haut à gauche, on voit que le fait que les personnes reçoivent l’information que des membres de l’UDC sont en faveur de l’initiative amène les répondants à donner une intention de vote plus en défaveur de l’initiative. En revanche, lorsqu’il est mentionné que des membres de l’UDC sont opposés, les répondants support plus largement l’initiative. De plus, on voit que cet effet est consistant le long de l’échiquier politique. Cela signifie que les répondants se situant à droite, au centre ou à gauche indiquent une intention de vote allant à l’encontre de la position de l’UDC. En revanche, les répondants soumis au traitement sur la position du PLR opposé à l’initiative donnent une intention de vote plus largement opposée à l’initiative.

Pour quelles raisons les répondants sont-ils consistant avec la position du PLR et réagissent inversement aux positions de l’UDC ? Alors que pour la réaction inverse à la position de l’UDC pour les répondants à gauche de l’échiquier politique se justifie, il est plus difficile de comprendre pourquoi les répondants à droite de l’échiquier politique donnent une intention de vote inverse à celle de l’UDC. En effet, quand les répondants sont idéologiquement proches d’un parti, le mot d’ordre de ce parti devrait les amener à adapter leur intention de vote pour qu’elle coïncide avec la position du parti, or nous observons l’inverse. Une explication peut se trouver dans le sujet de l’initiative qui touche à l’économie. En effet, selon le sujet de votation, des partis peuvent être perçus comme plus ou moins qualifiés pour résoudre certains problèmes. À la fin du sondage nous avons aussi demandé aux répondants d’indiquer quel est le parti le plus qualifié pour gérer les questions liées à l’économie. Alors que près d’un tiers à choisi le PLR, à peine plus de dix pourcents a sélectionné l’UDC. Dans la figure, ci-dessous, on voit que, pour les répondants à droite de l’échiquier politique, les traitements sur les positions de l’UDC ont un effet consistant sur les répondants qui considère le parti comme le plus qualifié pour gérer les questions liées à l’économie, mais un effet inverse sur les autres.

Deux conclusions peuvent être tirées de cette analyse. Premièrement, alors que la position du PLR contre l’initiative influence les répondants à donner une intention de vote contre l’initiative, les positions de l’UDC semblent inciter les répondants à donner une intention de vote contraire à la position du parti. Deuxièmement, les positions de l’UDC semblent avoir une influence différente sur les répondants idéologiquement proches du parti qui identifient le parti comme le plus qualifié pour gérer l’économie et ceux qui juge qu’un autre parti est plus compétent. Concrètement, pour cette initiative, il semble raisonnable d’assumer que la position du PLR aura un large impact sur le choix de vote pour l’initiative Monnaie-Pleine, alors que l’impact de la position de l’UDC devrait être limité à un sous-ensemble de votant et pourrait même avoir un effet inverse sur l’entièreté de l’électorat.