Expérience No Billag : les réactions face à l’attitude du PLR sur l’initiative

Résumé : Nous avons mené une expérience relative à l’initiative No Billag dans laquelle les répondants étaient soumis à différents traitement sur la position de membres du parti sur l’initiative. Le soutien à l’initiative semble diminuer chez les supporters du PLR lorsqu’il est précisé que ce parti s’oppose à l’initiative. À l’opposé, le soutien à l’initiative diminue pour les opposants aux partis quand il est stipulé que le parti soutient l’initiative. L’article présente les principaux résultats de l’effet su traitement sur la position des partis sur le soutien à l’initiative et lie ces résultats à une interprétation des mouvements du marché de prédiction.

Zusammenfassung: Wir haben ein Experiment zur No-Billag Initiative durchgeführt, in welchem Umfrageteilnehmer verschiedenen “Treatments” über die Position von Parteimitgliedern ausgesetzt wurden. Die Unterstützung für die Initiative scheint bei den Sympathisanten der FDP abzunehmen, wenn man sagt, dass die Partei gegen die Initiative ist. Umgekehrt nimmt die Unterstützung für die Initiative bei den Gegnern der FDP ab, wenn man stipuliert, dass die Partei für die Initiative ist. Dieser Beitrag präsentiert die wichtigsten Resultate über den Effekt der Parteipositionen auf die Unterstützung der Initiative und verbindet die Resultate mit einer Interpretation über Veränderungen in den Vorhersagen des Prognosemarktes.

Du 27 décembre 2017 au 4 janvier 2018, nous avons mené une expérience sous forme de sondage relative à l’intention de vote concernant l’initiative No Billag sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 4 mars prochain. Au total, 1500 personnes ont participé à cette expérience. Les participants ont été recrutés par Facebook ou via les sites internet du Journal du Jura et du Bieler Tagblatt. Une partie de cette expérience consistait à faire subir un traitement relatif à la position du PLR et de l’UDC sur l’initiative No Billag. En profitant du fait que ces deux partis n’ont pas voté à l’unanimité le soutien ou le rejet de l’initiative lors du vote final au parlement, nous avons voulu analyser comment des affirmations contraires sur leur positionnement face à cette initiative pouvaient influencer les intentions de vote des participants. Différentes phrases ont été assignées de manière aléatoire aux participants. Les traitements sur la position des partis stipulaient : « Certains membres du PLR (de l’UDC) sont favorables (défavorables) à l’initiative No Billag. » ce qui représentait 4 traitements au total. Certains participants ont subi le traitement d’un placebo en faveur et en défaveur de l’initiative qui stipulaient : « Il y a des personnes qui sont favorables (défavorables) à l’initiative No Billag ». Enfin, une partie des répondants ne recevaient aucun traitement. Nous avons également pu évaluer l’attitude des répondants face aux principaux partis politiques en leur demandant de se placer, sur une échelle allant de 0 à 10, en tant qu’opposant ou supporter du parti. Ainsi, l’attitude de chaque répondant face à chaque parti a pu être évaluée.

Les graphiques 1 et 2 représentent les résultats de l’effet d’une interaction entre le fait d’avoir subi le traitement décrit et le niveau de support au PLR sur l’intention de vote des répondants. Le graphique 1 présente les résultats pour le traitement stipulant que des membres du PLR soutiennent l’initiative et le graphique 2 pour celui qui précise que des membres du PLR s’opposent à l’initiative[1].

Les résultats présentés soulignent différents effets pour les deux traitements. Dans le graphique 1, on observe que le soutient du PLR à l’initiative a un effet négatif sur les opposants au parti. Cela signifie que les opposants aux PLR sont plus fortement opposés à l’initiative après avoir reçu l’information que le PLR soutient l’initiative que ceux qui n’ont pas reçus cette information. On observe que l’effet s’amoindrit un peu pour ceux qui ne s’identifie ni comme opposant ni comme supporteur et il disparaît complétement pour ceux qui supportent le parti. Dans le graphique 2, on observe que les supporters du PLR soutiennent moins l’initiative quand ils reçoivent l’information que des membres de ce parti s’opposent à cette initiative. Cependant, nous observons aussi que l’effet de ce traitement reste négatif pour les répondants ne s’identifiant ni comme supporter no comme opposant au parti ainsi que pour les opposants au parti.

L’annonce de l’opposition du PLR à l’initiative No Billag, bien qu’évènement attendu, n’en n’était pas pour autant certain. En effet, cette initiative est en partie soutenue par la jeunesse du parti. Dès lors, même si les membres du Conseil National avaient bien plus largement rejeté cette initiative, une certaine incertitude demeurait sur la position finale du parti. D’après les résultats de l’expérience, un rejet de l’initiative par le PLR implique un rejet significativement plus prononcé de cette dernière par ses supporters. Dès lors, l’annonce de l’opposition du PLR à l’initiative devrait avoir un retentissement négatif sur les probabilités que la part de vote favorable à l’initiative dépasse 50%. En l’occurrence, on peut observer une baisse du prix de cette action après le 12 janvier, date qui correspond à l’annonce de l’opposition du PLR à l’initiative. Cette baisse peut être interprétée comme une cristallisation de l’intention de vote des soutiens du PLR contre l’initiative No Billag due à la décision du parti de rejeter l’initiative.

[1] Les régressions à l’origine de ces graphiques sont contrôlées par le niveau de confiance dans le gouvernement, l’intérêt pour la politique, le soutien pour les autres partis (UDC, PS, PDC et Verts) ainsi que par les autres traitements compris dans l’expérience. Une mesure a aussi été ajoutée afin de contrôler que les répondant évaluaient leur support pour chaque parti de manière différente.